Le Blog de Claudio et Mauricette Sauvion    


Découvrez le Pérou avec


VIDEOS

PHOTOS
PEINTURES
 
L'association Le projet Les partenaires Documentation Liens Contact
 
    
        
        

 
Cuzco, le 11 novembre 

Retour

                                                                                            
                                                     Le blog de Mauricette
 
 

Cela fait déjà deux mois que  Claudio et moi sommes arrivés  au Pérou.

A Cuzco, la  majestueuse Plaza de Armas nous attire. D'abord  surprise par le flot incessant de voitures qui klaxonnent à tout va, dans les rues, je retrouve les petits collectivos de 15 places entassant 25 ou 30 passagers et l'appréhension d'être bousculée.

L'avenue de la Culture que nous traversons est bouillonnante de vie; des écoliers, collégiens,  étudiants,  tous en uniforme, rient,  courent, téléphones portables à la main qu'ils  rechargent dans la rue à des femmes en blouse verte pour 5 ou 6 soles....

Des mamitas qui ont une popote sur le trottoir passent à travers  les grilles des établissements scolaires des petits plats pour les plus affamés des élèves.

La Plaza de Armas est le haut lieu pour les touristes du monde entier veillée par la statue du dernier Inca. ...Et, là, petits cireur de chaussures, vendeurs de bijoux à la sauvette, marchands de feuilles peintes, campesinas proposant bonnets et écharpes pour survivre dans cette ville, jouent au chat et à la souris avec la police qui veut les chasser.

Chaque dimanche matin, le peuple est nourri par la patrie: défilés militaires, levée du drapeau de Cuzco aux couleurs arc en ciel, du drapeau du Pérou sous le chant de l'hymne national, défilé des écoliers, collégiens et professeurs au pas de l'oie.

Les  représentants de l'armée, de l'Eglise, les politiques sont là ensemble présents, piliers de ce peuple de 29 millions d'habitants aux multiples visages:
               Blanco,
               Criollo européen né au Pérou,
               Mestizo,
               Chollo amérindien urbanisé,
               Zamba afro péruvien,
               Indio indien .

Dans la cathédrale et les églises édifiées sur les bases des palais incas, des groupes de visiteurs bruyants s'engouffrent .Tout près, presque dans ses flancs, une petite chapelle silencieuse s'ouvre aux personnes natives, policiers en coupure, touristes en quête de..... pour quelques minutes ou un long temps de recueillement.

Le quartier San Blas quadrillé de ruelles aux gros pavés luisants, aux maisons blanches et ventrues est animé. C'est le quartier des échoppes et des ateliers d'artistes tels Mendevil (peinture ou sculpture de femmes au long cou de lama), d’orfèvres, de sculpteurs,  de peintres héritiers de la fameuse école de Cuzco. .. De la jolie petite plazoleta de San Blas, où il fait bon flâner, un beau panorama s'offre sur la ville aux toits de tuiles rousses.

C'est avec les campesinos indios que nous vivons les temps de fête dans le village de Combapata à 2 heures de Cuzco et dans le district de Checacupe. Nous regardons, écoutons, questionnons quand ces hommes et ces femmes parlent le "castellano" si différent de leur langue quechua. Nous essayons de comprendre leurs coutumes, leur tradition.

Je suis interpellée par leur rapport au temps, par leur trois mondes symbolisés par le serpent, le puma et le condor, ces mondes d'en bas, du milieu et d'en haut que représente si bien le peintre Florentino.

Où est cette pierre d'achoppement entre nos deux cultures?
Sommes-nous dans un même espace-temps?
Comment transposer nos désirs de les aider concrètement dans leur réalité quotidienne?

Le 1er Novembre,  c'est la fête des Vivants. Dans les villes et villages, les familles se retrouvent, mangent le lechon (cochon de lait) et le tamal (semoule  enveloppée dans la feuille de maïs).


Le 2/11, les défunts sont à l'honneur. Le cimetière de Cuzco est rempli de familles joyeuses,  ornant les niches tombales de fleurs colorées. Des musiciens chantent aux morts leurs chansons préférées; un prêtre catholique les bénit sur demande de la famille.

Avec Pepe,  à Cullcuire,  nous allons visiter la femme de Leonardo décédée l'an dernier au cimetière du village.  Nous buvons la chicha avec les siens. Un prêtre inca vient prier. La vie, pour eux,  ne s'arrête pas à la mort charnelle. Ils intercèdent les "apus" dans leur travail quotidien....

Les pubs, à la télé, nous présentent des mannequins très "blancs" aux maisons étincelantes, valorisant le rôle de la femme ménagère, s'accomplissant  comme parfaite maîtresse de maison.

Quel décalage   - avec ces femmes que nous avons visité dans le campo travaillant prioritairement aux champs, à l'élevage des cochons d'inde, s'usant à aller chercher le bois, l'herbe avant de remonter au village,
                         - avec ces femmes descendues à Cuzco, mangeant auprès de leur petit étal,  sur le trottoir, leur" petit "roulé dans un vieux pull, près d'elle.
                         - avec Rosa dont nous avons partagé  la maison pendant trois jours dans le village isolé de Thumi où elle a choisi de rester malgré sa souffrance de l'éloignement de ses enfants partis étudier à la ville.  .

Levée dès l'aube, ici à 5 heures 30 pour préparer le repas du matin, soutenant sa veille maman courbée en deux, elle travaille sans relâche,  descendant au "pasto" couper le fourrage pour les cochons d'inde qui permettront à sa famille de vivre si le contrat de travail temporaire de Sergio, son époux,  parti  à Cuzco, n'était pas renouvelé.
Le samedi soir, la nuit tombée, elle marchera au devant de son mari que le bus a laissé à quelques kilomètres. Le dimanche matin, à l'aube, il partira travailler aux champs dans la montagne, puis ira aider sa femme couper l'herbe auprès du lac  et porter sur son dos une part de cette charge si lourde. Il est temps pour lui d'aller à Combapata  acheter le sac de riz de 25 kilos, aliment de base autant utilisé  que les pommes de terre.
Après un rapide repas debout, l'heure est venue de reprendre le bus pour Cuzco où il retrouvera ses enfants collégiens et son travail de maçon.
Rosa sera seule à nouveau pour les travaux quotidiens, s inquiétant de son mari et de ses enfants qui s'éloignent peu à peu de leur "tierra" où la vie est si rude.

Mauricette
                                                              
­ ­ ­

Le blog de Claudio 
 

Avec Yaneth , la prof de la wawawasi  (jardin d'enfants) à Palccoyo.

Cette femme, qui travaille seulement sous contrat, n'est pas nommée, tient impeccablement une aula (classe de petits de 3 à 5 ans) dans des conditions difficiles.

Toutes les semaines, elle descend à pied de la comunidad, 2 heures de marche, car elle a peur de descendre à moto - elle en sait les dangers - pour essayer d'avoir un transport pour Sicuani où est sa famille - au moins 1h30 de bus quand tout se passe bien sur les pistes.

Elle n'entrevoit  son mari et ses enfants que quelques heures le week-end -c'est un gros sacrifice, mais pour payer les études , il faut qu'elle travaille aussi -comme la plupart des femmes maintenant car la vie devient trop chère.
Pour avoir des fournitures scolaires, du matériel, elle paie avec ses propres deniers, qui sont faibles, le transport depuis les réserves du ministère, sinon c'est distribué ailleurs- ou pas-

Elle a appris le Quechua  auprès des enfants de Chinchero - environ à 4 heures de chez elle, quand elle avait obtenu un contrat là-bas. Elle écrivait minutieusement tous les mots nouveaux sur un cahier.

Le matin, quand nous sommes arrivés, il n'y avait que 3 enfants dans la classe, elle était partie chercher les petits chez eux pour qu'ils ne restent pas oisifs près de leurs mamans débordées par les tâches quotidiennes.

Les petits profitent d'un programme d'aide alimentaire du gouvernement. Sur 11, 6 étaient anémiés, 5 étaient limite.....

D'où l'intérêt des fitotoldos (serres) et des biohuertos familiares (jardins potagers bio familiaux ), que nous tentons de mettre en place pour leur assurer une consommation de légumes variés. Mais la comunidad est isolée à 4200m d’altitude, avec une piste difficile et les traditions sont là. Il se consomme beaucoup plus de papas que de quinoa ou de ccanawa, car les pommes de terre qui remplissent le ventre, mais ne sont pas riches, assurent une production annuelle, alors que la culture de la quinoa qui est riche en protéine, ne donne pas toutes les années de bons rendements - il faut diversifier les variétés.

Il faut beaucoup de temps pour que les habitudes - entre autres alimentaires -changent. Nous nous en rendons compte surtout  pour notre petit déjeuner quand on nous propose par exemple une soupe aux tripes, excellente, les petits pains beurre ou la confiture manquent quelque part.....

C'est auprès des enfants et des mères qu'on doit agir. C'est pourquoi dans l'introduction de nouveaux modes de culture et d'alimentation on essaie d'impliquer les écoles avec les profs et les parents  d'élèves, et aussi les responsables de comunidad. C'est un travail de longue haleine nécessitant un suivi.

Il y a des gens qui entendent bien la problématique et qui sont volontaires, espérons qu'ils seront porteurs pour les années à venir....

Claudio  

Retour

Sommaire